L'œuvre de René Girard est extrêmement controversée. Pour certains, elle n'est rien moins qu'une des plus grandes avancées de la pensée. Pour d'autres, Girard n'est qu'un auteur dépassé, réchauffant une vieille soupe augustinienne pour tenter une ultime et désespérée réhabilitation du christianisme.

C'est un des grands travers des discussions autour de l'œuvre de Girard : n'en retenir que la partie anthropologique, voire le seul réduit de la révélation néo-testamentaire. L'attitude de l'auteur y est bien sûr pour beaucoup, puisqu'il a consacré ces vingt dernières années à ne pratiquement parler que de la spécificité du message chrétien. De fait, l'essentiel des apports actuels sur le Web se résume à des polémiques, assez inintéressantes, sur des questions religieuses.

Beaucoup de lecteurs ont rapidement rejeté René Girard, sous prétexte que celui-ci les obligerait à croire. D'autres se sont réfugiés dans la citadelle girardienne et s'arc-boutent sur un maigre mais inexpugnable butin, à tel point qu'on peut lire, sous une plume américaine, que "Rene Girard has been transformed into something of a sect in America, with disciples, translators, and proselytizers". Un ami sociologue m'a décrit une situation analogue en France et c'est vrai qu'il est assez facile, intellectuellement, d'être absolument pour ou totalement contre. Moi qui me situe entre les deux, comme l'aurait chanté Brassens, j'estime que tous évacuent, à moindre frais, la richesse et les réelles difficultés de cette pensée.

Dumouchel a très clairement montré, lors du colloque de Cerisy de 1982, que la viabilité scientifique des hypothèses girardiennes (désir mimétique, crise sacrificielle, méconnaissance nécessaire à l'efficacité du mécanisme victimaire) ne nécessitait nullement l'adhésion - initiale ou terminale - au christianisme. Leur étude conduit à suffisamment de complexité, de contradictions, de remises en cause pour que le chantier qu'elles pourraient ouvrir dans le domaine de la pensée se referme aussi aisément sur un dogmatisme, quel qu'il soit.

Je fais donc partie de ceux qui pensent que les hypothèses posées par René Girard en 1961 dans Mensonge romantique, vérité romanesque méritent meilleur sort. Pour s'en convaincre, il suffit bien souvent de lire l'œuvre à son origine, de ne pas s'en laisser compter par le talent et le pouvoir de séduction de l'auteur et, surtout, de ne pas se laisser subvertir par la seule problématique de la révélation évangélique. C'est cette lecture, toujours emplie de mes doutes, que je vous propose ici.

Je livre pour l'instant la première partie consacrée au désir mimétique ainsi qu'une bibliographie commentée. Vous trouverez dans la section Groupe de discussion un certain nombre de développements sur l'œuvre à partir d'un espace de réflexion et d'échanges consacré à l'ensemble de ces thèmes, à leur critique, à leur application dans la vie de tous les jours.

 
L'hypothèseL'anthropologie girardienne • La Révélation néo-testamentaire
Bibliographie LiensGroupe de discussione-mail

Ces pages font partie d'un site plus important nommé Alphabestiaire. Merci d'aller le visiter
Philippe COTTET - avril 2000 - Tous droits réservés