L'œuvre de René Girard est extrêmement controversée. Pour certains,
elle n'est rien moins qu'une des plus grandes avancées de la pensée.
Pour d'autres, Girard n'est qu'un auteur dépassé, réchauffant une
vieille soupe augustinienne pour tenter une ultime et désespérée
réhabilitation du christianisme.
C'est un des grands travers des discussions autour de l'œuvre de Girard
: n'en retenir que la partie anthropologique, voire le seul
réduit de la révélation néo-testamentaire. L'attitude de
l'auteur y est bien sûr pour beaucoup, puisqu'il a consacré ces vingt
dernières années à ne pratiquement parler que de la spécificité du
message chrétien. De fait, l'essentiel des apports actuels sur le Web
se résume à des polémiques, assez inintéressantes, sur des questions
religieuses.
Beaucoup de lecteurs ont rapidement rejeté René Girard, sous prétexte
que celui-ci les obligerait à croire. D'autres se sont réfugiés
dans la citadelle girardienne et s'arc-boutent sur un maigre mais
inexpugnable butin, à tel point qu'on peut lire, sous une plume
américaine, que "Rene Girard has been transformed into something of
a sect in America, with disciples, translators, and proselytizers".
Un ami sociologue m'a décrit une situation analogue en France et c'est
vrai qu'il est assez facile, intellectuellement, d'être absolument
pour ou totalement contre.
Moi qui me situe entre les deux, comme l'aurait chanté Brassens,
j'estime que tous évacuent, à moindre frais, la richesse et les
réelles difficultés de cette pensée. Ces pages tentent donc de rendre
plus accessible une oeuvre qui n'a que l'apparence de la clarté et de
la simplicité. Les archives de notre groupe de discussion, qui a
échangé durant près de 18 mois sur ces thèmes, constituent une autre
approche des thèses girardiennes. Vous pourrez les consulter sous le
lien correspondant.